Il était environ 22 heures quand Miharu descendit dans le petit salon.
Toute la journée, elle avait traîner dehors, sur la plage, vers la falaise, et avait fait un tour au combini du coin pour acheter quelques rares magazines de mode, afin de faire disparaître son ennui. Seulement tout à une fin, et Miharu se retrouva dans rien à lire. Elle avait manger très rapidement le soir même, elle avait acheté un bentô tout préparé et avait manger sur la plage qui était à quelques mètres de l'auberge. Résultat : elle avait vu un magnifique coucher de soleil comme elle les aimait . Une palette indescriptible de couleur avait inondée le ciel, du rose orangé, du violet , du parme..C'était tellement magique pour elle qu'elle pouvait rester pendant des minutes entières à regarder le ciel avec un sourire béat, même si la lumière du soleil lui fesait cligner de l'oeil plusieurs fois.
Puis vers 21h00 elle était rentrée à l'auberge. Elle croisa plusieurs élèves de sa classe accompagnés de leurs correspondants..Quelqu'un qu'elle n'avait pas ici..Pourquoi n'avait-elle pas pris de correspondant ? Tout simplement parce qu'elle avait eu peur de parler à quelqu'un, de tomber sur un garçon ou..Simplement de rencontrer quelqu'un en chair et en os, chose qui lui fesait peur..
En arrivant sur l'île et voyant tous les correspondants en train de sauter dans les élèves de sa classe, elle avait un peu regretter, car maintenant, elle était toute seule..Bon c'est pas comme si elle avait besoin de compagnie..Elle était toujours seule et quand quelqu'un lui parlait, elle écourtait la conversation..Elle était tellement compliquée cette fille..
Bref, elle était dans sa chambre, et avait commencé la lecture de son magazine, assise sur son lit, la fenêtre ouverte, laissant entrer l'air frais du soir. Elle avait lu son EGG magazine avec une telle " assiduité" que quand elle leva les yeux vers son réveil il était déja 21h50. Que le temps passait vite !
Miharu sursauta quand la porte s'ouvrit à la volée, ses deux "copines" de chambre venaient de pénétrer dans la pièce bruyamment..
Miharu ne se fît pas prier avant de poser son magazine sous son lit, puis de sortir de la chambre avant de descendre au petit salon de l'auberge..Et par chance il n'y avait plus personne, tous les élèves devaient être en train de faire la java dehors, de prendre des bains de minuit ou de trainer..Très peu pour elle.
Elle s'assit sur le canapé et elle pris la télécommande avant d'allumer la télé..Par chance elle tomberait sur une émission débile qui la distrairait. Elle zappa pendant plus d'un quart d'heure et s'arréta sur une chaîne..De célèbres idols fesaient la promotion de leur nouvel album..Ah ? Ah ? KAT-TUN ?
Elle se souvint qu'elle avait déja écouté leur nouvel album , et qu'elle avait toutes les musiques sur son MP3, en effet, elle était comme toutes les jeunes filles de son âge, il fallait bien qu'à un moment de sa vie, elle soit une groupie d'un groupe quelquonque, une mauvaise passade que tout le monde connaissait, et que tout le monde regrettait, se disant " mais qu'est ce que j'étais con à cette époque ! ".
D'ailleurs, elle se rappelait particulièrement d'une chanson qui l'avait énormément touchée..Les paroles étaient simples, et rappelaient un poème, une fable de Lafontaine, un écrivain français. Cette chanson était RABBIT OR WOLF , de Ueda Tatsuya.
La jeune fille ne regardait plus du tout la télé, et elle murmurait les paroles maintenant:

-Il était une fois, dans un lieu,
Existait un vieux et cruel loup.
C'était vraiment rusé
Le loup voulait avoir l'adorable apparence du Lapin
Donc il a prétendu être un bon ami du Lapin
S'allongeant ses mains,
Le loup a sorti sa langue rouge pour se lécher les lèvres
Et a poignardé la nuque blanche du Lapin avec ses canines. Il a mangé le Lapin.

Une histoire comme celle-là,
Existe aussi dans notre monde actuellement
Il y a beaucoup de loups rusés
Ils s'approchent de nous avec d'élégants visages souriants
Et prétendent être de bons amis
Allongez alors leurs mains
Avec leurs sourires trompeurs et leurs mots doux
Ils poignardent nos nuques avec leurs canines. Ils nous tuent.

Un monde stupide, importun et ennuyeux comme cela ...
A-t-il besoin d'exister ?
Il n'existe pas de futur pour les humains

Le ciel continue à devenir gris, il y a seulement un peu de lumière errante aux alentours
Alors nos gorges sont étranglées tout à coup
Nous entrons dans l'au-delà

Tu me souries
Et je te sourie
Mais tu es sincère
Ou c'est moi qui le suis, qui est sincère ?


Et après, c'était la revanche du meilleur ami du Lapin.
Il avait décidé de tuer le vieux et cruel loup.
C'était si rusé.
Utiliser l'agilité des lapins
Il a dit des mots mignons et séduisants
Et est allé faire le narcotique
Alors quand les yeux du Loup sont devenus sombres, il a sorti ses griffes
Cette lumière du monde a été appropriée. Il a tué et a mangé le Loup.

Ce que le Lapin avait fait était-il juste
Ou le Loup avait-il été juste ?

La réponse était que l'histoire n'était pas encore finie, errante toujours pour chercher la solution
Cependant, la blessure saignante était souillée de rouge

Donc tu hurles quelque chose
Et je hurle aussi quelque chose
Si seulement tu ne me tues pas et ne me manges pas après
Si seulement je ne te tues pas et ne te manges pas après
Ces plaintes étaient si maladroites

Le ciel continue à devenir gris, il y a seulement un peu de lumière errante aux alentours
Alors nos gorges sont étranglées tout à coup
Nous entrons dans l'au-delà

Tu me souries
Et je te sourie
Mais tu es sincère
Ou c'est moi qui le suis, qui est sincère ?

Des " sourires trompeurs " et "des mots doux" que Miharu avait déja vu et entendu..Qui avaient finit par la blesser énormément..Son oncle était gentil avec elle, au début..Puis il avait eu des gestes déplacés..Pas des gestes qu'un oncle devait habituellement avoir envers sa fille, non, des gestes malsains, pervers. Et elle le voyait dans son regard..Miharu était assez intelligente pour se rendre compte de tout ça..Ces gestes allèrent jusqu'à l'irréparable..Un viol..Et même bien plus.
Miharu connaissait cette scène par coeur, elle l'avait vécu comme une chose qu'on n'oublit pas..Elle ne l'avait jamais oublié..Et elle ne le voulait pas. Elle voulait se rappeller de tout ce mal qu'elle avait eu..Ce viol, ce bébé..Tous ces pleurs.. Les paroles résonnaient dans sa tête très distinctement, sans qu'elle puisse faire un "stop" une bonne fois pour toute. Non , décidément elle ne pourrait jamais oublier. Certains gestes, certaines odeurs, certaines paroles lui rappellaient beaucoup de choses et c'était pour cette raison qu'elle n'approchait jamais les gens, qu'elle ne voulait pas les entendre..Mais elle était consciente qu'elle ne pourrait pas faire cela toute sa vie..Eviter cela c'était impossible.
Elle n'écoutait plus la télévision à présent, elle vivait un cauchemard éveillé, et elle en pleurait..Jusqu'à ce que quelqu'un la sorte de ses pensées.


[ Paroles ]

Les soirées étaient plutôt chaudes, à Okinawa. Jae Won ne savait réellement comment s'occuper sans mourir de chaleur. La meilleure chose à faire était d'ouvrir en grand la fenêtre de sa chambre, à l'auberge, et de lire un bon livre sur son lit. Seulement, notre coréen blond n'était pas un fervent passionné de lecture et il n'avait pas emmené avec lui ses manwa favoris. Et puis à vouloir ouvrir grand la fenêtre et laisser la veilleuse, il allait attirer les bestioles du genre moustiques. Ce genre d'insectes, c'était vraiment désagréable. Et tenace, qui plus est.
Un long soupir s'éleva alors dans la chambre qu'occupait le jeune homme et d'autres garçons de sa classe. Il s'ennuyait à mourir, et ne savait vraiment pas comment il allait occuper sa soirée. Il était déjà vingt-deux heures, il aurait pu tout aussi bien décider d'aller se coucher pour être frais et dispos le lendemain. Mais l'envie n'y était pas, et Dieu sait comment Jae Won avait horreur de tourner en rond dans son lit inutilement. Pour lui c'était une véritable perte de temps. Alors ... Que faire ?

Après une mûre réflexion, le jeune homme décida d'aller faire un tour du côté du petit salon. Après tout, il y avait la télévision là-bas et avec un peu de chance la pièce serait vide et il aurait le privilège de pouvoir choisir son programme préféré. L'histoire du médaillon de Yûmi le tourmentait fortement, il lui fallait abosulement occuper son esprit par des choses plus ou moins futiles afin qu'il n'ait pas le temps d'y repenser. Car lorsqu'il était seul et qu'il ne faisait rien de particulier, ses premières pensées étaient dirigées vers la jeune fille, dont l'image semblait comme imprimée dans sa tête, puis vers le vol odieux qu'il avait commis. Et là, son estomac se nouait à une vitesse considérable et ensuite le malaise s'emparait de lui et ne le lâchait pas avant plusieurs heures. Et il n'aimait pas, mais alors pas du tout cette sensation d'être une ordure, un imbécile qui blesserait une personne à qui il tenait sincèrement. Vous auriez beau lui dire que ce n'était pas vraiment de sa faute, il s'en contreficherait. Le résultat était le même, et le mal provoqué également.
Chassant tant bien que mal ces noires idées de sa tête, Jae Won quitta donc sa chambre pour gagner le petit salon du rez-de-chaussée. Les mains dans les poches de son short, il se dirigea vers la porte. Fermée. Du bruit s'échappait de la pièce, et le jeune coréen crut reconnaître le son de la télévision. Il y avait donc quelqu'un. Evidemment, c'était du Japonais, et il avait beau se débrouiller plutôt bien dans la langue nippone, les présentateurs de ce qui semblait être une émission musicale parlaient bien trop vite pour lui. Yûmi, elle, lui parlait en coréen, donc ça allait. Et les quelques étudiants nippons avec qui il avait conversé depuis leur arrivée ici faisaient l'effort de parler lentement et distinctement.

Jae Won, malgré le bruit de la télévision qui était un signe que la pièce n'était pas vide, décida d'entrer quand même. Après tout il n'avait vraiment rien de mieux à faire dans le coin et n'avait toujours pas sommeil. Cela viendrait sans doute, ne ?
Pénétrant dans la salle, il constata rapidement que les lumières étaient éteintes. La seule lumière de la pièce provenait de l'écrana allumé, qui diffusait effectivement une émission musicale. Jae Won reconnut les KAT-TUN, boy's band japonais très en vogue d'ailleurs. Pour avoir écouté quelques fois, il aimait bien, mais avouait préférer des musiques plus rock. C'était un garçon après tout ...
Il s'avança vers le canapé une fois ses yeux habitués au noir et allait se laisser tomber dessus, pensant naïvement que le dernier parti avait omis d'éteindre l'écran, lorsqu'il se rendit compte de justesse qu'il y avait quelqu'un dessus et qu'il avait bien failli l'écraser. Se redressant subitement, le jeune blond reconnut immédiatement la jeune Suzuki Miharu. Cette demoiselle, il en avait fait la connaissance au début du voyage. Il avait aperçu Know Ji Hoon, un gars de sa classe, en sa compagnie. Et il s'était avéré qu'il essayait encore de soutirer des informations croustillantes aux gens, pour faire ses petits scandales. Miharu n'était qu'une énième victime, et Jae Jae supportait très mal ce "je fourre mon nez partout". Il l'avait écartée de la jeune femme qui avait du mal à l'envoyer paître toute seule, même si elle criait beaucoup. Ensuite, ils avaient doucement sympathisé et lorsqu'ils se croisaient sur l'île ils se disaient bonjour, désormais. Le courant entre eux n'était pas le même qu'avec Yûmi mais Miharu semblait être une fille sympathique. Même s'il trouvait qu'elle gardait toujours une certaine distance vis-à-vis de lui, mystère qu'il n'avait pas encore élucidé.

Elle pleurait. Les yeux ouverts, elle ne semblait pourtant pas s'apercevoir de ce qui se passait autour d'elle. Elle paraissait ailleurs, et les larmes coulaient le long de ses joues rosies. Les yeux rivés vers l'écran de télévision, elle s'agitait sur le canapé. Alarmé, Jae Won posa une main sur son épaule et la secoua doucement :


Jae Won - Hé ! Tu vas bien ? Que se passe-t-il ?? Miharu-san !


Le tout dans un Japonais qui se voulait correct. Il avait failli parler en coréen mais elle ne semblait pas très à l'aise dans la langue maternelle du jeune homme, autant éviter les complications. Il se laissa mollement tomber à côté d'elle sur le canapé, plongeant ses yeux noisette dans les siens afin de tenter de comprendre ce qui affolait la jeune femme à ce point, en attendant qu'elle revienne à la réalité.

L'agitation semblait avoir disparu chez la jeune Japonaise, mais ce n'était pas pour autant qu'elle avait recouvré son calme et sa sérénité. Les yeux rouges et encore humides, elle s'était empressée d'essuyer ses larmes salées d'un geste vif et précis du bras. De la gêne ? Elle avait tout à fait le droit de pleurer, si elle n'allait pas bien ! Jae Won n'était pas vraiment un expert en matière de consolation. Le jour où Mi Hyun avait échoué à un examen et qu'elle avait beaucoup pleuré, il avait été incapable de lui dire quoi que ce soit de réconfortant, se contentant de l'observer bêtement avec un regard compatissant. Peu après, sa soeur aînée était venue le voir en le remerciant d'être resté à côté d'elle, même s'il n'avait rien dit. Que sa présence l'avait rassurée. Le jeune homme se demandait encore comment sa seule présence pouvait rassurer quelqu'un, lui qui n'avait pas pipé mot alors que sa soeur était triste, mais si cela marchait, pourquoi pas après tout. Cela lui avait au moins évité de lâcher une grosse bêtise sans le vouloir.
Quant à Miharu, les mèches les plus proches de ses joues étaient humides, et collaient à son visage. Elle gardait un regard apeuré et inquiet, et le jeune blond se demandait qu'est-ce qu'il pouvait bien cacher. Cela avait l'air grave, lourd à porter, à en juger par sa mine déconfite.


Miharu - Il ne se passe..Rien du tout..Mais..Merci..Sung Jae Won.


Elle ne semblait pas vouloir s'épancher davantage sur les raisons qui l'avaient mises dans cet état. Jae Won avait au moins appris quelque chose en vivant avec deux grandes soeurs : lorsqu'une fille vous disait qu'il ne se passait rien, c'est que derrière ces belles paroles elle n'attendait qu'une chose : que vous insistiez pour savoir ce qui s'était passé. les filles se faisaient prier, désirer. Elles voulaient sentir explicitement qu'on avait de l'intérêt pour elles. Jae Won désespérait de ne jamais réussir à anticiper une réaction de fille. Comme beaucoup de jeunes garçons de son âge, il aurait bien aimé posséder un dictionnaire explicitant les réactions féminines plus ou moins démesurées. Un "oui" ne voulait jamais vraiment dire "oui", elles ne savaient jamais ce qu'elles voulaient. Toujours est-il qu'avec Miharu, il se méfiait. Il sentait qu'elle gardait toujours une distance vis-à-vis de lui, comme une barrière infranchissable. Elle avait constamment l'air sur la défensive, derrière son joli minois, et le jeune blond avait peur que s'il choisissait d'insister comme il aurait dû le faire avec beaucoup de filles, elle se braque et refuse de lui adresser la parole à l'avenir. Il souffrait déjà de devoir éviter Yûmi, il ne tenait pas non plus à avoir sur la conscience une blessure de Miharu.


Jae Won - Tu peux m'appeler par mon prénom, tu sais, plaisanta-t-il en tentant de mettre une touche de bonne humeur à l'ambiance.


Esquissant un léger sourire, il reporta son attention sur l'écran de télévision. Les KAT-TUN étaient toujours là, en train de plaisanter allègrement face à la présentatrice. Il ne comprenait que quelques bribes de la conversation, mais il en avait compris les grandes lignes : la promotion d'un nouvel album. Ma foi, il aimait bien écouter de la pop mais ce n'était pas vraiment sa tasse de thé. Même s'il avouait que certains morceaux de ce boy's band bougeaient bien. Fermant un instant les yeux pour les rouvrir quelques secondes après, il posa à nouveau son regard sur la demoiselle qui se calmait doucement. Ses mains n'étaient plus crispées sur ses genoux, sa respiration retrouvait une allure normale. Elle avait essuyé toutes les larmes mouillan son visage. Mais elle continuait à observer le vide, comme encore hantée par ce cauchemar éveillé qu'elle venait de vivre. Elle n'avait rien crié de spécial pouvant informer Jae Jae sur la nature de son effroi, alors difficile de se faire une idée. Après tout, il pouvait s'inventer mille situations qui aurait pu effrayer la demoiselle, du rêve d'une grosse araignée velue à celui d'un meurtre particulièrement sanglant. Brr, cette dernière idée le fit légèrement frissonner. On avait pas idée de penser à des trucs pareils à dix heures du soir passées !


Jae Won - Tu regardais cette émission ?


Brisons la glace, c'est un bon début. Avec un peu de chance c'était le groupe favori de Miharu et elle allait se lancer dans un long discours sur telle ou telle chanson qui "cartonnait trop!", sur tel ou tel chanteur plus agréable à regarder que son voisin ... Personnellement, ce que Jae appréciait chez ces six chanteurs, c'était leur style vestimentaire particulier dans leurs concerts. Lorsque Yûmi lui avait cité des noms de boy's band nippons, il été allé voir des vidéos sur Internet et était tombé sur un extrait de concert des six bonhommes. Il s'en souviendrait, de leurs costumes farfelus ! Les chanteurs coréens étaient pas mal dans leur genre aussi. Les coréens tout court d'ailleurs, regardez-le, c'est pas courant un asiatique blond platine ! Jae Won aimait bien sortir du lot, voilà tout. Quand c'était de manière positive évidemment, sinon il ne ferait pas tout un plat de sa kleptomanie qui le rendait unique, dans un sens.
En tout cas, prions pour que Miharu affectionne particulièrement les KAT-TUN et se mette à parler et parler, pour qu'elle oublie ce qui lui avait fait si peur.

Elle avait donc accepté de l'appeler par son prénom. C'est vrai, malgré les désirs des traditions que l'on appelle les gens par leur noms de famille lorsqu'on venait de les rencontrer, ce que faisaient en général les lycéens entre eux, Jae Won n'aimait pas trop cette coutume. En même temps, il n'était pas du genre à suivre au pied de la lettre les moeurs publiques. Non merci. Et puis il l'appelait Miharu-san, ce à quoi elle n'avait pas trouvé d'inconvénient, alors elle avait bien le droit en retour d'en faire autant, ne ? En tout cas cela ne posait aucun problème d'éthique au jeune coréen.
Tout de même elle semblait relativement pensive. En majeure partie silencieuse, elle regardait un point imaginaire qui donnait l'impression à son interlocuteur qu'elle regardait dans le vide, les yeux inexpressifs. Beaucoup d'images de toutes sortes devaient défiler pêle-mêle dans son esprit agité. Mais contrairement à certaines personnes en qui on lit comme dans un livre ouvert, le regard de Miharu ne retranscrivait rien hormis une pointe de peur. Mais cette nuance disparaissait peu à peu, pendant qu'elle reprenait doucement son calme.
Miharu réarrangeait avec soin sa tignasse brune humidifiée par ses larmes dont quelques mèches collaient à son visage. C'était mignon à regarder, une fille qui fait des efforts pour se rendre présentable. Même avec ses mèches collées par le sel, Miharu restait mignonne à regarder. Jae Won sourit paisiblement.



Miharu - Euh..Oui..Je m'ennuyais dans ma chambre..Et..J'ai zappé


Son intuition avait été la bonne. Au moins ce soir là ils avaient eu quelque chose en commun : l'ennui. C'est aussi pour cela que Jae Jae était ici, et s'il avait finalement décidé de se coucher tôt pour être frais comme un gardon le lendemain, il n'aurait pas croisé la demoiselle cette nuit-là, et elle serait peut-être restée toute seule à pleurer en regardant le vide, telle un fantôme. Rien que pour ce fructueux hasard qui lui avait permis de sortir la jeune femme de ce cauchemar éveillé, le blondinet se félicita intérieurement. En tout cas, maintenant ils étaient là tous les deux, Jae n'osait pas vraiment lui demander ce qui l'avait mise dans cet état car elle avait l'air réellement réticente à en parler. Et il n'était pas le genre de garçon à insister comme un gros lourd, quand on lui disait quelque chose il comprenait. Bien sûr il aurait l'air d'un nigaud le jour où la fille qui lui dira "il ne se passe rien" attendra en vérité qu'il insiste. Il faut dire que le pauvre bonhomme ne savait jamais sur quel pied danser avec les filles, il se fiait donc à son instinct masculin, pas très fiable justement, et puis ça passe ou ça casse.


Jae Won - C'est vrai qu'avec cette chaleur, on a envie de rien à part buller ...



C'était vrai. Même le soir la chaleur était étouffante et vous coupait toute envie de vagabonder. Une chose agréable à faire, se balader en pleine nuit sur le sable frais de la plage, près de l'auberge. Avec un peu de chance, l'air lourd serait balayé par une légère brise nocturne et la balade vous serait d'autant plus agréable ... Seul, pour réfléchir, à plusieurs, pour les friands de compagnie. Mais ce soir le jeune homme n'avait pas eu envie de sortir, et il faisait bien trop chaud dans sa chambre. La lecture, très peu pour lui, et il n'avait pas sommeil. Il ne lui restait donc plus que l'option "télévision". Miharu s'exprima de nouveau et l'extirpa de ses pensées sur le pourquoi du comment il était arrivé ici :


Miharu - Je pense que..Je vais aller dormir. Je suis désolée que tu ai dû assister à cette scène..


Effectivement son coréen était bancal, comme l'avait prévu Jae Won. Mais ce n'était qu'un détail, il avait compris le sens global de la phrase de la demoiselle. Son visage s'assombrit. Si elle partait se coucher, elle risquait de replonger, n'est-ce pas ?


Jae Won - Je me même peut-être de ce qui ne me regarde pas, dit-il en srcutant l'écran de télévision sans le regarder, mais si tu retournes te coucher maintenant, alors que tu viens juste de faire ce cauchemar, tu n'as pas peur que cela recommence ?


Il disait cela, mais elle y avait peut-être déjà réfléchi. Aussi, elle s'était calmée rapidement, elle avait déjà dû vivre ce genre de situation auparavant et savait comment réagir dans ce cas-là. Il se sentit alors un peu envahissant et trop curieux.



Jae Won - Excuse-moi, je te donne peut-être des conseils inutiles.

Jae Won - C'est vrai qu'avec cette chaleur, on a envie de rien à part buller ...

Jae Won surpris la jeune fille, elle ne s'attendait pas à ce qu'il parle de la pluie et du beau temps, un sujet bâteau. Si ca avait été le petit cancanier de sa classe, il aurait déja posé milles et unes questions mais Jae s'était abstenu , de 1 parce qu'il ne voulait pas la déranger, et de 2 parce qu'il savait qu'elle ne dirait pas grand chose. Miharu avait du caractère, et si quelqu'un cherchait trop loin elle répliquait avec les poings, heureusement, personne ne l'avait cherchée jusqu'au bout. Elle essayait de ne pas prêter attention aux remarques , mais quand c'était trop , c'était trop et elle devenait violente. M'enfin bref, c'était une adolescente, et comme chaque adolescent, elle avait sa période de rebellion.
Avec cette chaleur , Miharu ne dormirait sûrement pas, déja ses copines de chambres se raconteraient leurs journées qu'elles avaient passées avec leurs correspondants respectifs, et elles parleraient sur les derniers cancans de l'île. Ensuite, elles parleraient des garçons, si un tel était beau , si l'autre était petit ou grand, musclé ou pas. Et à la fin de la soirée, elles écouteraient de la J-pop d'idols connus et elles liraient des magazines de la mode gyaru en "kyattant" sur les Gyaru-O. Toutes ses discutions simplettes rendaient Miharu malade. Mais zut quoi ! Elles avaient 18 ans, pas 12, il était temps de passer aux choses sérieuses de la vie ! De parler du futur, des nouvelles fraîches du matin, du travail..Quoi qu'en fait, non, il valait mieux pas, le travail était partie intégrante de la vie d'un japonais , et à la maison, c'était la femme qui s'occupait des gosses, fesait le ménage, et s'occupait des enfants..Les hommes étaient les privilégiés, c'est eux qui ramenaient l'argent à la maison. Si la femme travaillait, tout le monde voyait ça comme une façon de s'affirmer, de prendre les devants. Mais c'était de plus en plus courant.
Personellement, Miharu travaillerait, elle ne comptait pas passer sa vie à parler de la pluie et du beau temps, des enfants, de l'école..Et elle savait que ce genre de couple finissait à la dérive, et divorcait.C'était ce qui était arrivé à ses parents. Trop de banalité, trop d'habitudes, le train train habituel qui conduisait à la violence.
Miharu regarda par la fenêtre, de là , elle pouvait voir la mer, les vagues.

- C'est vrai..Répondit-elle dans un coréen acceptable.

Puis Jae Won rajouta quelque chose..Au contraire de Miharu , il parlait plutôt bien l'autre langue.

Jae Won - Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas, dit-il en srcutant l'écran de télévision sans le regarder, mais si tu retournes te coucher maintenant, alors que tu viens juste de faire ce cauchemar, tu n'as pas peur que cela recommence ?

Miharu savait comment maîtriser ses cauchemards. Enfin, elle le savait quand sa mère était à côté d'elle, mais là , elle n'était pas là. Si elle fesait des cauchemards les yeux ouverts, il serait alors impossible de dormir pour elle, elle le savait pas..Elle avait dit ça dans le but de lui faire oublier ce qu'il venait de voir, car c'était sur, il ne pourrait pas l'oublier..Il la connaissait à peine, mais ..Si ca avait été Miharu à la place de Jae Won, elle aurait halluciné elle aussi, elle se serait inquiété, et se serait dit que l'autre qui pleurait était un fada complet !

- Ca recommencera, tu as raison..Je dirais ça..Pour échapper à la conversation..

Elle regarda de nouveau la fenêtre , avec une envie soudaine d'aller se baigner.

Jae Won - Excuse-moi, je te donne peut-être des conseils inutiles.

- Non..C'est gentil de ta part..Tu ne voudrais pas m'accompagner sur la plage ? J'ai envie de me baigner.. Dit-elle en montrant la mer du doigt.

Le "c'est vrai" lâché sur un ton de lassitude par Miharu montrait bien qu'elle avait le vague à l'âme. Et le jeune coréen se sentait légèrement impuissant, à ne pas savoir comment réagir pour réconforter comme il se doit son interlocutrice. Au moins, point positif, sa maladie ne lui avait pas encore joué de tours avec Miharu: actuellement, de toutes les personnes participant à ce voyage, il y avait eu trois victimes : Daisetsu Wamie, Lee Jae Hwa et ... Nabeshima Yûmi. Il avait souffert d'avoir volé les trois, mais c'était le vol de Yûmi qui l'avait le plus marqué, d'autant plus qu'il ne lui avait toujours pas rendu son médaillon. Enfin, ce n'était pas le sujet principal mais au moins il n'y avait pas encore eu de discorde avec Suzuki-san. Mais peut-être qu'il devrait la prévenir tant qu'il en était encore temps car elle semblait fragile, et avait sans doute du mal à pardonner les blessures. Ses cauchemars n'étaient certainement pas dûs à une petite broutille comme une mauvaise note ou une copine qui avait dragué le garçon qui l'intéressait ... Non vu la frayeur qui s'était emparé de son visage quelques minutes plus tôt, cela semblait réellement plus profond. En tout cas une fois de plus aux yeux de Jae Won cela ne le regardait pas, et il estimait qu'il était juste là pour lui changer les idées et lui faire oublier ce qu'elle venait de vivre. Enfin, elle avait parlé d'aller se coucher, et, d'instinct, il lui avait fait comprendre que ce n'était une bonne idée. En effet, même s'il n'avait jamais vécu de telles situations, il était loin d'être stupide et quelqu'un qui vivait des cauchemars éveillés au point de se déconnecter de la réalité ne pouvait pas tout oublier en quelques minutes, et encore moins espérer dormir sur ses oreilles juste après l'incident !


Miharu - Ca recommencera, tu as raison..Je dirais ça..Pour échapper à la conversation..


C'était évident. Et aussi compréhensible qu'elle ait préféré tenter de fuir la conversation avec lui car elle ne pouvait pas avoir confiance en une personne qu'elle connaissait depuis quelques jours à peine. Sa réaction était tout à fait normale et Jae Won ne jugerait pas du fait qu'elle préfère éviter de se donner en spectacle plutôt que de se confier. D'un côté, il s'en voyait soulagé car il ne voyait pas vraiment ce qu'il aurait pu lui dire de réconfortant, ce n'était vraiment pas son domaine de prédilection.



Jae Won - C'est .... Une réaction compréhensible ...


Il s'était ensuite excusé de peut-être donner des conseils inutiles, car après tout les histoies de Miharu ne le regardaient pas et si elle voulait s'épancher vers lui de ses histoires il n'y avait aucun souci mais il ni'rait la forcer de rien du tout. Ce à quoi elle avait répondu positivement, mais la suite il ne s'y attendait pas du tout, sincèrement :


Miharu - Non..C'est gentil de ta part..Tu ne voudrais pas m'accompagner sur la plage ? J'ai envie de me baigner..


Se baigner ... A dix heures et demie ? Jae Won réfléchit. Il commençait un peu à fatiguer, à force de rester droit comme un piquet sur le bord du sofa. Mais quand une fille voulait quelque chose elle le faisait jusqu'au bout et il ne tenait pas à avoir sur la conscience que, sur un accès de déprime, Miharu glisse dans l'eau et se noie ! Oui Jae Jae commençait toujours par voir l'aspect négatif de la chose, c'était une sorte de réflexe. Enfin. En tout cas malgré la pointe de fatigue qui montait en lui, la proposition était tentante. Se baigner la nuit c'était toujours agréable. Après une petite réflexion, il finit par acquiescer et accompagna son geste de paroles au cas où Miharu ne l'aurait pas vu :


Jae Won - Eh bien ... Pourquoi pas ! Ca te détendra.


Tout sourire, il se leva pour montrer sa bonne volonté. Il se dirigea vers la porte, avant de lui faire signe de le suivre. Il n'était pas encore bien tard, et s'il n'était pas seul, il ne s'endormirait pas sur la plage comme il l'avait fait la veille. D'ailleurs c'était vraiment comique ... Le coup du réveil par des léchouilles de chien très peu pour lui ! Pas qu'il était une chochotte mais il y avait franchement plus agréable comme réveil ...


Jae Won - Tu viens ? Autant en profiter tout de suite ! dit-il en un japonais compréhensible.



[Je te laisse soit clore ce rp soit commencer direct à la plage ^^]