Il faisait beau. Il faisait bon. Les oiseaux gazouillaient, le vent caressait la peau d’une demoiselle, la température, n’était ni trop chaude, ni trop froide, les enfants riaient. Si on tendait l’oreille, on pouvait les entendre courir, sauter, tomber, se relever. Tout cela, Wamie le sentait, l’entendait. Ses grands yeux marron étaient ouverts, mais ils ne voyaient rien. Ses yeux qui avaient été si pétillants de vie, si brillant de joie, si attendrissant, étaient aujourd’hui vides, sans éclats particuliers. Wamie ne voyaient rien depuis déjà 4 ans. Depuis 4 ans, sa vie était faite seulement d’images crées par son propre esprit. Sa vue lui avait été enlevée de force par un accident. Et quel accident ! Mais Wamie n’était pas triste pour autant ! Cet accident lui avait permis de rencontrer l’homme assis à côté d’elle. L’homme qu’elle aimait et qui l’aimait. Qui aurait pu le penser ? Pour elle, elle comparait leur relation, à celle de la Belle et la Bête, alors que lui, voyait leur histoire plus comme un homme, ayant trouvé un bourgeon maltraité. Un bourgeon qui ne demandait qu’un peu d’amour pour s’ouvrir, et devenir une fleur des plus splendides. Mais cela, il ne lui en dit mot. Il savait que Wamie était trop réservée et discrète pour oser affirmer qu’elle était un bourgeon qui donnera plus tard une magnifique fleure. Aussi, le sujet avait été clos par Wamie elle-même : leur histoire était celle de la Belle et la Bête, elle était la Bête bien sûr. Assise dans l’herbe, à côté de son auxiliaire, Wamie sourie et leva son visage vers le ciel.

Wamie : « Ryô ? Le ciel… Il est comment aujourd’hui ? »

La demoiselle posait souvent cette question. Et à n’importe qui, du moment qu’elle le connaissait, ne serait-ce que de nom. Elle ne voyait plus, il fallait bien qu’elle imagine le monde dans lequel elle vivait non ? Ryôsuke sourit et s’adossant sur ses mains derrière lui, il leva la tête et regarda le ciel avec attention.

Ryôsuke : « Alors… La couleur est un bleu azur légèrement pâle, avec des reflets un peu plus foncé quand on ferme un peu les yeux. La brise que tu sens surement, a apporté quelques petits nuages bleus et attends…. Il y en a 7. 7 nuages plus ou moins gros dans le ciel, mais si petit par rapport à cette immensité… Le soleil est à ta gauche et brille tellement fort que je n’arrive pas à le regarder longtemps… C’est un magnifique ciel d’été Wamie. Je ne peux rien dire d’autre. »

Wamie laissa son visage tourné vers le ciel un petit moment avant de se tourner vers Ryô en souriant.

Wamie : «Arigato! Et puis... il n’est pas magnifique Ryô ! Il est sublime… Aaah… Heureusement que tu es là… Je n’aurai voulu manquer ça pour rien au monde ! »

Ryôsuke sourit et passa une main dans les cheveux couleur noisette de la demoiselle. Ah, ce qu’elle pouvait ressembler à un enfant des fois. Wamie elle s’était couchée sur le dos et fixait le ciel de ses yeux marron, sans le voir. Puis Ryô se leva, annonçant qu’il allait chercher des boissons. Wamie s’assit alors et tout en regardant comme n’importe qu’elle personne, c’est-à-dire en clignant des yeux quad il le fallait, elle se leva, lentement, écoutant attentivement les bruits autour d’elle. Pour quelqu’un qui ne savait pas, penser que la demoiselle était aveugle était tout bonnement impossible. Elle avait gardé tellement d’habitude qu’elle ressemble toujours à une personne normale. Marchant de quelques pas elle s’arrêta alors net en entendant des pas droit sur elle et se poussant sur le côté, elle percuta quelqu’un. Oups. Apparemment elles avaient décidé de contourner par le même côté. Zut zut zut.

Wamie : « Gomen je… Gomen. »

Son excuse avait été de dire, « je ne t’ai pas vue », car le son des pas avaient été très caractéristique, la personne en face d’elle était une femme, mais elle avait décidé de taire ce détail. Le fait d’être aveugle ne devait pas l’handicaper à ce point. Après… Bon, si elle se fâchait elle le dirait mais si elle pouvait s’en passer… elle le ferait.

Le coup de téléphone de Ryo n’avait rien fait pour arranger les affaires de la demoiselle, qui devait désormais se passer de toute aide... Sauf, si la jeune femme en face d’elle décidait de l’aider. Après tout, elle pouvait se poser la question. Combien de personne avait fait comme si elle n’existait pas en apprenant qu’elle n’avait plus la vue ? Bon, il est vrai, qu’il y en avait qui, devenait tout de suite plus agréable, devenant presque trop… insistant. Mais Wamie ne voulait pas demander de l’aide. Elle voulait être aussi autonome que possible. Aussi, demander de l’aide à des inconnus lui écorchait la bouche, serrait le cœur et titillait les émotions de la jeune femme.
Elle qui avait pu voir jusqu’à ses 14 ans, devait désormais vivre dans un monde noir, où personne ne pouvait véritablement entrer. Sauf certaines personnes, Wamie ne laissait entrer personne dans son monde. Son habitude d’être discrète et renfermée ne jouait pas en sa faveur, mais elle avait toujours su trouver un moyen pour se débrouiller seule. Du moins, elle essayait toujours. Encore et encore, avec un acharnement démesuré pour son handicap. Déjà enfant elle avait toujours préférer se débrouiller toute seule, pourquoi, maintenant, elle devait changer ses habitudes ? Juste parce qu’elle ne voyait plus ? Non. Jamais. Pour rien au monde. Wamie n’avait jamais été le genre de personne fière et arrogante, mais le fait de dépendre des autres l’avait toujours agacé, et ce profondément.

Wamie :« Est-ce que… est-ce que tu pourrais me conduire jusqu’à un banc s’il te plait ? »

Ainsi, quand Wamie du poser la question, tout dans sa tête lui disait de refuser tout compte fait l’aide, s’il y en avait une. Cependant elle ne fit rien. Elle attendit patiemment, gênée, la réponse de son interlocuteur. De un, parce que la voix qu’elle avait entendue, lui paraissait très agréable et d’une gentillesse inouïe, de deux, parce que même si elle le voulait vraiment, elle était incapable de retrouver le chemin de l’auberge toute seule. Ryo lui avait donc demander d’attendre sur un banc dans le parc, c’est ce qu’elle ferait. Simplement, il fallait arriver jusqu’au banc, et les personnes étant dans le parc étaient tout sauf calme. Les enfants qui riaient et couraient de partout, les parents, où les jeunes, qui se promenaient en bavardant, aucun ne lui serait d’aide… Sauf peut-être la jeune femme en face d’elle. Elle se rendit compte alors que sa question pouvait peut-être déranger, aussi, elle continua, toujours aussi gênée :

Wamie : « Sauf si tu es pressée, je ne veux pas dérangée ! »

Bon maintenant que c’était dit, elle n’avait plus qu’à attendre. De toute manière, dans le cas où la personne refuserait, elle pourrait toujours trouver un moyen pour s’en sortir. Se fier aux sons qui l’entouraient en premier lieu. Elle avait toujours fait ça, depuis l’accident ravageur quelques années plus tôt.

Miharu : « Oh ! Oui bien sûr, ca ne me dérange pas»

Dit la jeune femme, en lui prenant le bras, sans serrer très fort. Ce geste avait été fait avec une douceur semblable à celle de Wamie. Aussi, quand elle tourna son visage vers celui de la jeune femme, elle lui sourit, avec gratitude.

Wamie : « merci beaucoup… »

Elles se mirent en marchent, quand quelqu’un sembla arriver, et l’inconnue arrêta net Wamie, qui s’était déjà préparée à un autre choc. Qui ne vint pas pourtant. D’un geste qui tenait plus du reflexe, Wamie avait plissé les yeux en attendant le choc, et quand elle remarqua que ce dernier n’arrivait pas, elle les rouvrit lentement, comme une personne tout à fait normale, sans aucun problème.

Miharu: « Hey , vous pouvez pas vous excuser ?! »

Wamie fut surprise par cette attitude. Non pas par celle de la personne, mais pas celle de Miharu. Elle semblait si réservée et timide, mais elle prenait quand même le courage de crier après quelqu’un qui aurait pu, lui faire du mal.

Miharu: «Pour qui les gens se prennent-ils »

En l’entendant murmurer ainsi, Wamie qui s’était jusque-là, retenue de tout commentaire, ne put s’empêcher de s’adresser à la jeune femme.

Wamie : « Ils ne vivent dans un monde où seul eux sont maîtres. Les autres n’existent pas réellement… Ils vivent comme ils le pensent, ne t’en fait pas pour ça… C’est un comportement auquel on s’habitue. »

Dit-elle amèrement. Elle se laissa conduire pendant encore quelques pas, avant qu’elles ne s’arrêtent.

Miharu: « Voilà »

Wamie lui sourit, et se tournant, s’assit, comme une personne normale, ne doutant aucunement de la sincérité de la demoiselle en face d’elle désormais. Maintenant qu’elle était assise, Wamie pu remettre un peu d’ordre dans ses cheveux, avant de relever le visage vers l’inconnue.

Wamie : « merci du fond du cœur, je n’aurai rien pu faire sans ton aide. Au fait, je m’appelle Wamie, je suis à l’auberge avec mon école, donc si jamais un jour tu as besoin d’aide ou, je peux faire quelque chose pour toi, n’hésite pas ! »

Elle sourit à la demoiselle ne s’attendant aucunement à une réponse, pensant que l’inconnue partirait sans faire d’histoire, ou demander un reste.