Les pieds traînant, je ne me gênais pas pour bousculer les passants sur mon passage. J’étais tout simplement exténuer de cette journée et je venais tout juste d’échapper à un fou furieux. Explication ? Sa femme a eut la merveilleuse idée de le tromper avec le pauvre petit homme que je suis et l’armoire à glace qui lui servait de mari m’avait retrouvé par je ne sais quel moyen … Vous ne croyez tout de même pas que je vais rester bien gentiment me faire taper dessus et me ramasser toutes les insultes possibles et inimaginables ! J’ai essayé tant bien que mal d’échapper à ses grosses mains qui devaient sûrement faire le double des miennes et me voilà maintenant sur le chemin de mon chez-moi adoré. Pas de travail pour moi ce soir, et même si je devais m’y rendre pour me vendre une fois de plus, ils peuvent bien se le mettre là où je pense … Certes il y aura des représailles par la suite, et j’en suis conscient mais je suis prêt à subir tout cela pour avoir une soirée tranquille dans mon appart’. Depuis combien de temps n’avais-je pas put rester une nuit entière dans ma chambre sans penser à rien … Mais malgré ces pensées qui me rendait heureux à l’avance, quelque chose me disait que je n’étais pas encore au bout de ma journée et qu’elle serait loin d’être finie. Un pressentiment qui m’empêchait désormais de ressentir ce bien être sans limites dont j’avais tant besoin en cette fin de journée. Complètement épuisé de ma pseudo fuite, j’entrais finalement dans le sas de l’appartement. Etrangement, plus je me rapprochais de la porte de ma propre demeure, plus quelque chose me dérangeait à l’intérieur de moi … Sans pouvoir expliquer cette sensation, un certain malaise se créait en moi sans que j’en sache la raison. Je me mis alors à douter une fois la main posée parfaitement sur la poignée de la porte … Devrais-je vraiment l’ouvrir ? Qu’est ce qu’il pouvait bien m’attendre de l’autre côté de cette porte ? Secouant la tête pour expulser les doutes de celle-ci, j’ouvris lentement la porte, sans bruit. Une fois ceci fait, je m’aventurait à passer ma tête dans mon appartement. Je devais sûrement avoir l’air totalement idiot, si quelqu’un passait par là il pouvait facilement se dire que j’ai perdu la tête … Ce qui n’était pas tout à fait faux étant donné que seul mon corps restait posté sur le devant de la porte. Prenant mon semblant de courage à deux mains, j’entrais et ferma la porte derrière moi. Sur les gardes de la moindre chose qu’il pourrait se produire, je regardais partout et avançais à pas feutrés. Mon estomac réclama alors de la nourriture. Dans un soupire las, je parti direction la cuisine relâchant totalement la tension qui se trouvait encore dans mes mouvements. Je me sentais alors ridicule d’une telle attitude. Heureusement, personne ne m’avait vu, c’é tait de loin l’essentiel à présent. Passant derrière le « bar » je ne put m’empêcher de retenir un léger cri ainsi qu’un sursaut. Une chouette était là, sagement installé dans un cage, et me fixait avec ses gros yeux ronds sans me lâcher comme si elle voulait me dévorer sur place. Ne la lâchant pas du regard non plus, j’ouvris un tiroir et sorti un paquet de gâteau complètement à l’aveuglette. Je me suis alors assis en face de ce drôle d’animal et ris intérieurement. C’était quoi ce délire ? Depuis quand mon appartement hébergeait-il des animaux comme ça ? … Une seule chose traversa alors mon esprit : Tetsuya. Etant déjà bien installé à ma place, je soupirais avant d’ouvrir finalement la bouche plus grand.

« TETSUYA ?!! »

Mon intention n’était pas de le réprimander ou quoique se soit … mais tout de même, qu’il garde ses choses pour ses activités étranges ailleurs que là où l’on mange. Ca s’appelle juste de la vie en communauté, je ne demande quand même pas trop sur ce coup ? J’estime déjà être un colocataire assez sympa pour le laisser empailler ses petites bestioles dans mon appartement …

L’inconscient et impatient que je suis, en attendant ce cher petit taxidermiste, eut la bonne et merveilleuse idée de passer les doigts entre les barreaux de la cage … Mauvaise idée, ne retente jamais ça Shobei, tu perdras ton doigt la prochaine fois. Dans un râlement, je retirai aussitôt mes doigts de cette prison pour le porter à ma bouche. Saleté de bestiole, quel caractère ! Il avait donc bel et bien envie de me dévorer tout cru ! Je priais alors pour que tetsuya n’arrive pas trop tard. Si c’était le cas soit cet oiseau de la nuit finira dans ma poubelle et finira à la déchèterie le lendemain, soit j’y passe … Et je préfère de loin la première option, même si le brun préférait la seconde. Je le vis finalement arrivé, sans se presser, vers la cuisine. Je pris le haut de la cage avec précaution et lui pointa sous le nez.

« Je t’en prie, j’accepte tes petits trucs dans ta chambre mais … Pas dans la cuisine, si tu veux le saigner, va voir un boucher ou je ne sais quoi mais pas ma cuisine … Tout au pire, ta chambre peut te servir pour ça ok ? … Et puis une chouette, une chouette … Je suis sûr que t’en a déjà une bien morte et qui mords pas dans ta « demeure » non ? »

Je reposa cette prison bien utile sur le bar et soupira un coup. Mais c’est qu’en plus, ça sent pas la rose ses choses là … Rien que d’imaginer l’odeur que ça doit avoir une fois mort … Quelle odeur morbide doit flotter dans l’air de la chambre de mon petit protégé ? Mieux valait ne pas imaginer tout ça … S’en était trop pour moi aujourd’hui, je ne pourrait pas supporter beaucoup plus.