Tranquillement installé dans ma chambre, je ne demandais rien d’autre que le silence afin de pouvoir me concentrer sur le minutieux travaille que me prenait la plupart de mon temps. Mais cette fois-ci l’heure n’était pas à la pratique mais à la théorie. Un large manuel était étalé sur le chao qui me servait de bureau. Des feuilles éparpillées un peu partout, des stylos trainant par-ci par-là, de l’encre renversée, des tâches rouge foncées encrées dans le bois du meuble, on pouvait même trouver sous certains cahiers des bouts de chairs peu appétissants que j’eu oublié de jeter. C’était mon bordel, mon monde à moi et je m’y portais très bien quoi qu’en dise les autres personnes. Le gros grimoire était installé sur plusieurs piles de feuilles griffonnées de toute sortes de réflexions sur divers sujets tous plus morbides les unes que les autres. Les volets avaient beau être ouverts en grand, les rideaux sombres qui couvraient la fenêtre empêchait toute lumière de pénétrer dans la pièce. Ce n’était pourtant pas faute que l’appartement de Shobei soit en pleins soleil. Je jetai un œil à ma montre. Il était environ 19h40 et je compris alors pourquoi la lumière ne faisait plus si intense, de mes yeux d’ermite évidemment. Je me replongeai sans plus attendre dans les méandres des lignes du recueil de façons toutes plus étranges de vider un animal.
Je ne vis pas le temps passer, quelques minutes sûrement tout au plus, et j’entendis la poignet de la porte se baisser. Je fus intrigué, Shobei rentre toujours beaucoup plus tard habituellement. Mais où est le problème ? Je ne suis pas le seul pseudo rebelle de la ville. Je tendis tout de même l’oreille, ne faisant aucunement confiance à la normalité. La porte était ouverte, certes je l’avais entendue, mais personne n’était entré. Du moins pour le moment. Je ne compris pas vraiment cette attente à entrer. Avait-il peur que je lui saute à la gorge ? Redoutait-il que mon esprit malade soit allé aussi loin ? Je connais Shobei et il me connait aussi, alors j’en déduis que ce ne fut juste qu’un de ses délires. Finalement, j’entendis des pas avancer dans l’entrée. Ce n’était pas trop tôt. Calmement mais sûrement celui dont j’avais déduis qu’il s’agissait de Shobei avançait vers la cuisine. Plus intéressé par mon grimoire que par le comportement de mon colocataire, mes yeux dérivèrent sur les fines lignes des pages abîmées. Ce livre je l’avais chapardé dans la boutique de mon grand-père, sachant que lui ne voulait pas que je prenne sa succession, je fus contraint « d’emprunter » ce livre pour une durée indéterminée. Je n’eu pas le temps de continuer bien loin dans mes pensées que j’entendis la douce voix du plus âgé fendre le silence calme qui régnait il y a quelques secondes en hurlant mon prénom. Je fus pris d’un sursaut, moi qui n’aimais guère le vacarme. Je me levai calmement, pris le gros livre et le rangea dans une de mes étagères pleins à craquer. Je pris aussi le petit sachet de fruits séchés qui se trouvait sur le bord de mon lit. D’une main je le portais au niveau du torse et de l’autre, je plongeai dans le sachet pour nourrir mon estomac vide.
Ce ne fut que une fois tout ce petit manège terminé que je me décida à aller vers la cuisine, lieu où j’étais fermement attendu par Shobei. J’ouvris calmement la porte de ma chambre et la referma soigneusement derrière moi puis d’un pas habituellement lent je partis rejoindre le châtain. Quand je pus le voir, je vis sur son visage que quelques chose en rapport avec ma personne ne lui plaisait pas du tout. Toujours en mangeant, je vins me poster devant lui avec la même mine neutre qu’au quotidien. Je le vis se retourner, prendre quelque chose et me le présenter. Là je vis une cage dans laquelle était installé mon nouveau compagnon. Ou devrais-jà dire nouvelle. En effet c’était ma chouette que j’avais trouvé il y a peu de temps dans les bois près de la ville. Je l’avais ramené ici et Shobei qui n’entre jamais dans ma chambre ne l’avait évidemment pas remarqué. On va dire que aujourd’hui était un oubli. Je l’avais mise ici pour la nourrir et … Je l’oubliai.

« Je t’en prie, j’accepte tes petits trucs dans ta chambre mais … Pas dans la cuisine, si tu veux le saigner, va voir un boucher ou je ne sais quoi mais pas ma cuisine … Tout au pire, ta chambre peut te servir pour ça ok ? … Et puis une chouette, une chouette … Je suis sûr que t’en a déjà une bien morte et qui mords pas dans ta « demeure » non ? »

Le visage à moitié baissé, je me mis à sourire à ses réflexions. Mes yeux se posèrent sur l’animal qui ne comprenait visiblement pas la situation. Toujours avec ce même sourire, je sortis un bout de fraise séché du sachet puis le tendis vers mon ami à plumes qui le mangea aussitôt. Je restais la regarder quelques secondes, fasciné par ses grands yeux de fous. Mon sourire s’accentua puis un rire étrangement enfantin sortis d’entre mes lèvres. Il ne dura pas bien longtemps quand je me rendis compte que je n’avais toujours pas répondu à l’être incompris qui se tenait devant moi. Mon regard se posa sur le visage de Shobei, à travers ma longue frange.

« Il ni a que peu d’âmes figées dans ma chambre, mais elle, elle je veux qu’elle reste en vie. Je l’aime beaucoup tu comprends. »

Je mis la sachet vide à la poubelle qui était près de moi puis me tourna vers la cage. Au lieu de la prendre comme Shobei qui jouait sécurité, je l’entourais de mes bras et la colla contre mon frêle corps pour soulager de ce poids le plus grand. L’animal se mit aussitôt à jouer de son bec avec mon pull, sans pour autant le trouer. Je le regardai dans un air attendrit pendant que ses yeux de fous ne quittaient pas le tissus. Je sentais le regard intrigué de Shobei ses mes doigts enlacés entre les barreaux de la cage. Non je n’avais aucune peur de me faire mordre. J’ai eu le temps de lui apprendre que c’était moi qui décidais de son destin et qu’il ne fallait pas me décevoir. J’en oubliais presque le plus grand. Mon regard se redirigea sur lui puis j’eu le reflex de lui adresser un sourire pincé et sûrement niai. Mais qu’importe, il devait avoir l’habitude de mes changements de comportements soudain. Mes yeux à moitié cachés par ma frange plongèrent dans les siens et je lui adressai quelques simples mots dans l’espérance de le convaincre.

« S’il te plaît Shobei. »

Je tenais vraiment à la garder avec moi. Je l’avais en quelques sortes adopté et comme une mère le ressentirait, je ne me voyais plus l’abandonner. Et puis, je ferai en sorte qu’elle n’importune pas celui qui m’a gentiment offert l’hébergement.